Affaire Grégory : Les Échos d'un Mystère Persistant

Plus de quarante ans après le drame de Lépanges-sur-Vologne, l’affaire Grégory continue de hanter la justice française. Vendredi 24 octobre, à Dijon, Jacqueline Jacob, 81 ans, grand-tante du petit garçon retrouvé noyé en 1984, a été mise en examen pour « association de malfaiteurs ». Elle est soupçonnée d’avoir participé au long processus de menaces et de manipulation exercé contre la famille Villemin — un système anonyme dont les fameuses lettres du « corbeau » furent le cœur.

ACTUALITÉS

10/25/20252 min read

Affaire Grégory : l’ombre du corbeau, et la science du style

Par LTI INFO — le 25 octobre 2025

Plus de quarante ans après le drame de Lépanges-sur-Vologne, l’affaire Grégory continue de hanter la justice française. Vendredi 24 octobre, à Dijon, Jacqueline Jacob, 81 ans, grand-tante du petit garçon retrouvé noyé en 1984, a été mise en examen pour « association de malfaiteurs ». Elle est soupçonnée d’avoir participé au long processus de menaces et de manipulation exercé contre la famille Villemin — un système anonyme dont les fameuses lettres du « corbeau » furent le cœur.

Cette mise en examen intervient après de nouvelles expertises graphologiques et stylométriques. Les enquêteurs ont en effet recouru à des méthodes d’analyse du langage, issues de la linguistique computationnelle, pour comparer les lettres anonymes adressées aux Villemin à d’autres écrits familiaux. Cette approche, inspirée des travaux de chercheurs comme Florian Cafiero ou Jean-Baptiste Camps à l’École nationale des chartes, vise à identifier des “empreintes stylistiques” : tournures, rythmes, choix lexicaux, usage de la ponctuation. Ces indices, invisibles à l’œil nu, peuvent révéler une continuité d’auteur.

Maître François Saint-Pierre, avocat de Jean-Marie et Christine Villemin, salue une avancée. « Ce serait la seule attitude digne de sa part : dire tout ce qu’elle en sait », a-t-il déclaré sur franceinfo, appelant Jacqueline Jacob à s’exprimer enfin. « Il ne s’agit pas d’une vindicte personnelle, mais d’un besoin de vérité. » Selon l’avocat, la suspecte se trouverait « au centre de l’énigme » et aurait « participé au processus d’assassinat ».

En face, la défense maintient sa ligne : Me Frédéric Berna, avocat de Jacqueline Jacob, affirme que sa cliente « n’a rien à voir dans cette affaire ». À 81 ans, elle « réaffirme son innocence » et dénonce « la fragilité des interprétations techniques ».

Ce nouvel épisode illustre la lente mue de l’affaire Grégory : d’un feuilleton judiciaire à une enquête presque expérimentale, où les mots, plus que les empreintes, deviennent pièces à conviction. Derrière la querelle des experts se joue une question plus large : jusqu’où la science du langage peut-elle aller dans la quête de justice ? Et à quel moment le style cesse d’être une signature pour devenir, à son tour, un témoignage ?